La fondation d’un « Hôpital Général »

Publié le 13/09/2004 à 11h14 (mis à jour le 09/07/2021 à 14h37)


Ancien officier de marine enchaîné sur sa paillasse à Bicêtre. Lithographie tirée "Des maladies mentales" d’Esquirol, 1838. Musée d’Histoire de la Médecine Toulouse
A partir du XVIIème siècle, l’Hôpital Saint-Sébastien cesse de fonctionner pour les pestiférés. Les dons et legs se raréfient. Sous l’influence de Saint-Vincent de Paul et ses émules, sa vocation va être transformée. Arnaud Baric, l’Abbé de Ciron et Madame de Caulet organisent l’assistance aux pauvres, créent une Aumônerie Générale, dédient l’Hôpital aux mendiants, aux enfants trouvés et aux invalides. Mais il faut pour cela transformer l’Hôpital en « Hospice Général » (à l’image de ce qui a été fait à Paris) afin d’y loger ou d’y interner d’office les populations indigentes donc indésirables.

  • 1641 : Les émules toulousains de saint Vincent de Paul fondent
    la Compagnie du Saint-Sacrement qui crée plusieurs œuvres caritatives : orphelinats, « bouillons des pauvres », ateliers de charité, etc.
  • 1647, 6 juillet, les Capitouls transforment l’Hôpital Saint-Sébastien des Pestiférés en Hôpital Général Saint-Joseph de la Grave, pour y « renfermer » mendiants, voleurs, filles publiques mais aussi les « fous », les vieillards démunis, les orphelins et enfants abandonnés [1] dont le nombre dépassera 1 500 à la veille de la Révolution.
    Tous doivent être pauvres et résidents en ville pour être admis. De manière générale, il y a une grande diversité des malades reçus à La Grave.
    Le 27 juillet de la même année, les notables toulousains se réunissent et les Capitouls en charge établissent un règlement en 38 articles qui fonde l’Hôpital Saint-Joseph de La Grave [2].
    18 directeurs sont alors nommés pour le gouvernement de l’établissement. On prévoit aussi la nomination de 4 prêtres.
    On établit des boutiques et des manufactures dans lesquelles les pauvres travaillent. Le produit de ce travail représente une petite partie des revenus de l’Hôpital. Les administrateurs espèrent sans cesse obtenir le complément de revenus par les quêtes et les dons, qui ne vont jamais cesser jusqu’en 1789 (sauf pendant les périodes de crises).
  • 1648, un trésorier est élu par les directeurs de l’Hôpital. Cependant, l’Hôpital Général ne fait à aucun moment quelque budget prévisionnel que ce soit : c’est au fur et à mesure des besoins ponctuels de l’Hôpital que ses directeurs se soucient des sommes qu’ils vont engager [3].
    La même année a lieu le premier legs fait à l’Hôpital, par un conseiller du Roi : 1500 livres. Dons et legs pouvaient être faits en argent, en nature ou encore en obligations (messes, prières à perpétuité...)
  • 1652, le pape Innocent X autorise la création de l’Hôpital Général et en 1658 c’est le Roi Louis XIV qui l’avalise.
  • 1652 - 1653, nouvelle apparition de la Peste à Toulouse (23 février), c’est la dernière grande épidémie pour la ville. Les pauvres, souvent dans l’impossibilité de fuir ou de se protéger, sont les victimes privilégiées de l’épidémie.
  • 1660, l’Hôpital est la propriété de ses directeurs qui créent l’année suivante leur conseil de gestion des biens, comme à l’Hôtel-Dieu.
  • 1662, un édit royal impose à toutes les villes et gros bourgs de créer et d’ouvrir un hôpital général ; ordre relancé en 1676.
  • 1661 - 1684, Agrandissement de l’Hôpital Général Saint-Joseph de La Grave et début de construction des grandes cours [4].
  • 1681, Louis XIV décide d’établir l’administration de La Grave à 24 directeurs.
  • 1687, un incendie détruit une partie des bâtiments de l’Hôpital.

[1accueillis en bas âge, instruits puis placés dans un corps de métier à l’extérieur

[2Les Capitouls ont pour charge, entre autre, l’entretien des édifices municipaux et la gestion des hôpitaux

[3Aucune ressource fixe n’est mentionnée dans les règlements fondateurs de l’année précédente. Sachant que l’Hôpital ne peut vivre avec le seul travail des pauvres, il possède des infrastructures à l’extérieur (terres agricoles, maisons, boutiques artisanales...) qui lui rapportent des revenus.

[4En 1684, des 5 hôpitaux issus de la première restructuration, ne subsistent plus que l’Hôtel-Dieu et La Grave