La maladie

Publié le 27/03/2007 à 14h11 (mis à jour le 29/06/2009 à 14h57)

Qu’est-ce que le syndrome de Prader-Willi ?

Le syndrome de Prader-Willi (SPW) est une maladie génétique qui se caractérise à la naissance par une diminution du tonus musculaire (hypotonie) et des difficultés à s’alimenter. Au cours de la vie, la régulation des différentes fonctions vitales peut être perturbée : métabolisme, croissance, développement sexuel, respiration et sommeil, sensibilité à la douleur, contrôle des émotions et résistance au stress. Une dépense de calories diminuée et une prise excessive d’aliments (hyperphagie), en l’absence de contrôle, entraîne une obésité grave. Des difficultés d’apprentissage et des troubles du comportement peuvent être également présents. La sévérité des manifestations varie beaucoup d’un enfant à l’autre.

Combien de personnes sont atteintes de ce syndrome ?

La prévalence (nombre de cas dans une population donnée à un moment précis) du SPW est estimée de 1 sur 20 000 à 1 sur 25 000.

Qui peut en être atteint ? Est-il présent partout en France et dans le monde ?

La maladie touche indifféremment les enfants des deux sexes, quelle que soit leur origine géographique.

A quoi est-il dû ?

Le SPW est dû à une anomalie génétique, c’est-à-dire à la modification de certains gènes situés dans une région appelée 15q11-q13 du chromosome 15 provenant du père. Ces gènes ne sont pas fonctionnels.
A l’état normal, chacun de nous possède deux chromosomes 15 dont l’un provient du père, l’autre de la mère. La région 15q11-q13 du chromosome 15 à une particularité : elle est soumise à ce que l’on appelle le phénomène d’empreinte parentale. Les gènes situés dans cette région remplissent différemment leur fonction selon qu’ils sont situés sur le chromosome hérité du père ou de la mère. Ainsi, à l’état normal, sur le chromosome 15 transmis par le père, les gènes localisés dans la région 15q11-q13 sont fonctionnels, alors que ces mêmes gènes portés par la région 15q11-q13 du chromosome 15 transmis par la mère sont « silencieux » et ne remplissent pas de fonction.
Dans le SPW les gènes localisés dans la région 15q11-q13 du chromosome 15 transmis par le père ne sont pas fonctionnels ou sont absents. Plusieurs mécanismes sont à l’origine de cette anomalie :

  • dans 70 % des cas, elle est due à la perte d’un morceau plus ou moins grand du chromosome 15 hérité du père (délétion ou microdélétion 15q11-q13).
  • dans 25 à 30 % des cas, l’enfant atteint de SPW a reçu deux exemplaires du chromosome 15 provenant de la mère (disomie uniparentale), et aucun du père.
  • dans moins de 5% des cas, il s’agit d’une anomalie isolée sans délétion détectable ni disomie. Elle concerne la région particulière du chromosome 15 appelée « centre de l’empreinte » : on parle alors d’anomalie d’empreinte.
  • enfin dans des cas exceptionnels, un petit morceau d’un autre chromosome est venu se coller sur le chromosome 15 (translocation).
    Un certain nombre de gènes (au moins 16) de la région 15q11-q13 impliqués dans le SPW sont maintenant connus. Il reste à présent à déterminer ce en quoi et comment chacun de ces gènes est impliqué dans la maladie.
    La majorité des cas (98 %) de SPW sont sporadiques ou dits de novo, c’est-à-dire que l’apparition de cette affection est la conséquence d’un « accident génétique » qui n’est pas prévisible : l’enfant est malade alors que ses parents ne sont pas atteints ni porteurs de la maladie. Les cas familiaux sont très rares.

Est-il contagieux ?

Non, le SPW n’est pas contagieux.

Quelles en sont les manifestations ?

Avant la naissance (période anténatale), certaines manifestations du SPW peuvent être déjà présentes : diminution des mouvements du fœtus avec parfois un excès de liquide amniotique (hydramnios).
Après la naissance, les manifestations du SPW évoluent en deux phases, en fonction de l’âge.

De la naissance à deux ans :
Dès la naissance, les bébés atteints de SPW présentent une diminution importante du tonus musculaire (bébé mou, hypotonique) qui est à l’origine de nombreux problèmes :

  • troubles de la succion et de la déglutition entraînant des difficultés pour se nourrir et la plupart du temps une mauvaise prise de poids dans les premiers mois de vie.
  • retard dans l’acquisition de la marche qui se fait en moyenne vers 24 mois.
  • infections respiratoires pendant l’enfance liées à une faiblesse des muscles respiratoires et à des troubles de la respiration d’origine neurologique.
  • problèmes d’élocution (dysarthrie) et de mastication.
    Des traits caractéristiques du visage sont également présents, associés à des pieds et des mains plus petits que la moyenne (acromicrie).

Après deux ans :
Les difficultés pour se nourrir disparaissent mais d’autres problèmes alimentaires les remplacent. Les besoins en apports caloriques sont inférieurs d’environ 30 % à la moyenne. Les enfants atteints de SPW dépensent moins de calories que les autres, ce qui contribue à une prise de poids rapide. De plus, ils ont un appétit excessif et une tendance à manger trop (hyperphagie). Les accès d’hyperphagie est incontrôlable et le stress alimentaire permanent. Lorsqu’ils commencent à devenir autonome, ces enfants peuvent développer de nombreuses stratégies pour accéder à la nourriture (mensonges, vols, visites au réfrigérateur la nuit….) et la recherche de nourriture peut devenir une obsession. Il faut donc contrôler strictement l’accès à la nourriture. En l’absence de régime alimentaire strict, les enfants atteints de SPW ont tendance au surpoids voire à l’obésité.
L’hypotonie musculaire diminue généralement dans les premières années de vie mais il persiste une fatigue lors d’efforts physiques. Cette fatigue peut contribuer également à une certaine maladresse pour la réalisation d’actions demandant précision ou minutie.
Chez les garçons, les testicules peuvent rester dans l’abdomen, au lieu de descendre dans les bourses (cryptorchidie) et le pénis est anormalement petit (micropénis). Chez les filles, le clitoris et les petites lèvres sont peu développés. Le développement pubertaire est absent ou incomplet, les règles sont retardées, irrégulières et de faible abondance, ou absentes. Un retard de croissance dû à un déficit en hormone de croissance entraîne, le plus souvent, une petite taille chez les enfants atteints de SPW.
Un déficit intellectuel peut être présent mais reste modéré et extrêmement variable d’un enfant à l’autre. Des difficultés d’apprentissage et d’expression orale sont fréquentes avec des difficultés à articuler.
Des troubles du comportement apparaissent également avec une alternance entre des périodes de crises et un retour à l’équilibre. Ces troubles peuvent prendre la forme de crises de colère, ou de rigidité et d’obsessions, et s’accompagnent souvent de grattages de peau, de troubles du sommeil.

  • les crises de colère ressemblent à celles que peuvent avoir des enfants de 2 à 5 ans. Il ne s’agit pas de caprices : elles sont dues à la maladie. Elles peuvent être brutales et difficiles à contrôler, parfois violentes pour l’entourage ou accompagnées d’une destruction d’objets environnants. Il y a toujours un facteur déclenchant : changement de routine générateur d’anxiété, fatigue, frustrations, souvent en rapport avec la nourriture.
  • les enfants ont tendance à être entêtés, à être attachés à des rituels et parfois avoir des comportements obsessionnels, des idées fixes, des manies répétitives (collection d’objets ou encore répétitions de mots ou phrases).
    Des troubles psychiatriques tels que dépression, perte de contact avec la réalité (psychose), hallucinations peuvent apparaître à l’adolescence. Les troubles psychotiques concernent environ 16 % des adolescents, plus particulièrement ceux qui ont une disomie uniparentale. Ils sont précédés de douleurs, insomnie, angoisses extrêmes, et semblent apparaître à la suite de périodes de stress important.
    D’autres manifestations du SPW peuvent également être présentes et sont variables d’un individu à l’autre :
  • au niveau des os, un risque plus élevé de luxation des hanches à la naissance et de déviations de la colonne vertébrale (scoliose et/ou cyphose).
  • au niveau des yeux, un risque plus élevé de développer une myopie (difficulté à voir de loin), un strabisme (l’enfant louche), d’astigmatisme (vision imprécise) ou une hypermétropie (la vue de près est floue).
  • au niveau de la peau, une tendance à se gratter de façon excessive associée à une fragilité de la peau entraîne des lésions pouvant devenir invalidantes. Une diminution de la sensibilité à la douleur accentue le problème (bleus, écorchures, brûlures).
  • des problèmes de régulation de la température du corps : fièvres inexpliquées ou au contraire peu de fièvre en cas d’infection.
  • des problèmes dentaires avec troubles de l’émail et une salive épaisse entraînent des caries plus fréquentes que la moyenne.
  • des convulsions, des troubles du cycle du sommeil, des problèmes respiratoires pendant la nuit peuvent également survenir.

Comment expliquer les symptômes ?

De nombreuses manifestations du SPW sont en relation avec un dysfonctionnement de l’hypothalamus, structure située au niveau du cerveau qui régule les fonctions hormonales et certains comportements :

  • L’hypothalamus intervient dans la sensation de faim et de satiété. En effet, le contrôle du poids se fait sous l’intervention de plusieurs hormones, en particulier une hormone secrétée par l’estomac, la ghreline, qui agit au niveau de l’hypothalamus : elle stimule l’appétit et entraîne une augmentation de la prise alimentaire. Chez les personnes atteintes de SPW, on retrouve une augmentation anormale de la quantité de ghreline. Cette augmentation expliquerait en partie le dérèglement de l’hypothalamus entraînant une sensation de satiété plus tardive avec une envie de manger plus fréquemment et en plus grande quantité.
  • L’hypothalamus intervient également dans la régulation des hormones impliquées dans le développement sexuel. Dans le SPW, leur production insuffisante (hypogonadisme) est à l’origine du développement pubertaire incomplet.
  • Un dysfonctionnement de l’hypothalamus est également impliqué dans le retard de croissance dû à un déficit en hormone de croissance.
  • Enfin, d’autres manifestations du SPW semblent également être en relation avec un dérèglement de l’hypothalamus tels que les troubles respiratoires, les troubles de la régulation de la température (thermorégulation), le seuil élevé de résistance à la douleur, la diminution de la résistance au stress et les troubles du comportement.

Quelle est son évolution ?

A l’âge adulte, avec le développement de l’autonomie, l’évolution du SPW est dominée par les troubles du comportement alimentaire et par l’aggravation d’une obésité. L’obésité peut entraîner des complications qui menacent l’espérance de vie : diabète, problèmes cardiaques ou vasculaires, problèmes respiratoires, œdème lymphatique (lymphœdème). De plus, les troubles psychologiques (colères, anxiété) peuvent être invalidants pour l’insertion socioprofessionnelle.
Par ailleurs, la ménopause est souvent plus précoce, s’accompagnant d’une fragilité osseuse (ostéoporose) et d’un risque accru de fractures, si aucun traitement médical (traitement substitutif) n’a été instauré. Lorsque les fractures sont très fréquentes, elles peuvent parfois aboutir à une perte de la marche.

D’après :

  1. Syndrome de Prader Willi.
    Encyclopédie Orphanet Grand Public,
    2008.http://www.orpha.net/data/patho/Pub/fr/PraderWilli-FRfrPub139.pdf
  2. Association Française des Conseillers en Génétique