Le cross-linking cornéen

Publié le 30/05/2014 à 14h04 (mis à jour le 03/09/2021 à 11h26)

Le cross-linking cornéen a pour but de « rigidifier » une cornée biomécaniquement instable. Le principe repose sur un pontage biochimique photo-induit des fibres de collagène.


Réticulation des fibres de collagène et de la matrice extracellulaire sous l’action conjuguée de la riboflavine et des UV-A qui aboutit à la formation de ponts intra- et inter-fibrillaires.

Il existe divers protocoles de traitement mais le principe est simple. En ambulatoire, sous anesthésie locale, une molécule photoréactive, la riboflavine (vitamine B2), est instillée sur la cornée pendant plusieurs minutes. S’ensuit une exposition non éblouissante à des UV-A pendant quelques minutes de la cornée centrale, pour déclencher une réaction chimique dite de photoréticulation. Les UV-A sont absorbés par la riboflavine dans la cornée et libère des radicaux libres hyperactifs qui engendrent un pontage du collagène cornéen et une dégradation de l’innervation cornéenne. La cornée est ainsi renforcée et transitoirement insensibilisée. Le renforcement a pour but de stabiliser le kératocône. La dénervation partielle et transitoire a pour effet secondaire bénéfique de limiter le réflexe délétère de frottement oculaire.


Cross-linking cornéen avec instillation de riboflavine et exposition à des UV-A.

La cicatrisation cornéenne est ensuite dirigée par une lentille de contact pansement, à retirer dans les 3 à 5 jours suivant l’opération, des antalgiques, des antibiotiques, des anti-inflammatoires collyres et des lubrifiants oculaires.

Les indications du cross-linking ne concernent que le kératocône évolutif. Le cross-linking ne vise pas à améliorer la vue, mais à éviter l’aggravation du kératocône.

Il est prescrit essentiellement pour des patients de moins de 30 ans et ne sera pas réalisé systématiquement en l’absence de progression avérée. Les enfants sont parfois traités plus rapidement, ou surveillés de façon plus rapprochée, en raison du risque d’aggravation rapide.

Les résultats sont concordants dans la littérature et rapportent une stabilisation de la maladie dans près de 85-90% des cas. Les premières publications de résultats cliniques datent de 2003. Un certain nombre de patients peut cependant voir son kératocône continuer d’évoluer malgré le traitement, souvent dans un contexte de très jeune âge, de kératocône sévère avec cornée très amincie, de terrain atopique ou de frottements oculaires incoercibles.

Bien qu’efficace, le cross-linking n’est pas dénué de complications. La plupart de ces complications sont dues à la phase initiale de la procédure chirurgicale qui consiste à gratter la surface de la cornée pour favoriser la diffusion de la riboflavine. Cette abrasion épithéliale cornéenne mécanique est à l’origine d’une part de phénomènes douloureux pendant 1 à 3 jours, temps de la repousse des couches de surface et, d’autre part, de possibles, bien que rares, phénomènes cicatriciels, voire infectieux. Il n’est par contre pas rare d’être très sensible à la lumière dans les suites de l’opération et parfois de percevoir un voile transitoire.

D’autres approches du cross-linking sont utilisées pour essayer d’en améliorer l’efficacité et le confort.

Enfin, le cross-linking peut être couplé à d’autres procédures si les conditions cornéennes de sécurité le permettent : anneaux intra-cornéens, photoablation par laser excimer.