L’Hôpital de Rangueil : la culture dans un hôpital de court séjour

Publié le 17/02/2021 à 16h57 (mis à jour le 19/02/2021 à 14h51)

Au début de ces années 2000, la question était : comment adapter le projet culturel du CHU dans un hôpital d’adultes hospitalisés pour une durée de 4 à 5 jours en moyenne ? Les différences avec l’Hôpital des Enfants étaient alors multiples :

D’abord la nouveauté : si la culture et l’animation étaient "faciles" à défendre pour une implantation auprès d’enfants, comment la justifier pour des patients adultes, autrement dit auprès d’un public pouvant mieux gérer, accepter son passage à l’hôpital ? En avait-il besoin ? L’accepterait-il ? Sous quelles formes ?

Les chargés culturels sont allés - encouragés par l’Institution - au chevet des patients réaliser ce travail.

Christian Bessede, agent de restauration du personnel et détaché à la culture - conscient que l’Art est le premier code social universel de l’humanité, selon cette formule qui était la sienne - circulait dans les services d’hospitalisation avec son concept d’atelier mobile de peinture au chevet des malades.

Alors que le patient, devant une toile blanche, était invité à s’exprimer, Christian entendait toujours le même propos auquel il s’était préparé : "peindre une toile, mais j’en suis incapable !" Sans jugement et en silence, il observe son peintre du moment, soudainement intéressé puis gagnant progressivement en assurance. La magie opérait lorsque Christian, retravaillant dans le frais les esquisses du patient, transformait, sans la trahir, son oeuvre.

Pourquoi Christian faisait-il cela ? Pour entendre le patient lui dire : "Pendant que je peignais, j’ai oublié l’hôpital et la maladie..." ou bien " sans vous, je n’aurais jamais touché à un pinceau !"

Ce lien social universel transcende les langues et les cultures et l’atelier mobile était un moyen de concrétiser ce lien et de ce fait n’était pas un simple "passe temps" pour les malades qui, pour beaucoup d’entre eux, faisaient connaissance avec l’expression artistique pour la première fois de leur vie...et dans une chambre d’hôpital !

L’art était venu à eux au moment où ils en avaient le plus besoin (peut-être l’ignoraient-ils alors), une fois sortis de l’hôpital avec la santé retrouvée ou la souffrance atténuée, peut-être emportaient-ils autre chose avec eux...

Jean-Marc Lafont, animateur culturel, complétait le dispositif en organisant dans l’espace culturel, des expositions de peinture temporaires où les patients et leur famille pouvaient trouver un îlot d’évasion et de réconfort, (trop) souvent nécessaire. Il invitait des artistes amateurs pour une programmation d’une durée variable, à venir exposer dans le hall leurs oeuvres.

Pourquoi Jean-Marc faisait-il cela ? Pour entendre le patient ou le visiteur lui dire : "Sans vous, je n’aurai jamais osé entrer dans une galerie d’art !"

Comme la musique, le théâtre et la poésie, l’art permettait au patient – de façon immédiate, du moins le souhaitait-on à chaque animation – d’oublier l’espace d’un moment sa douleur, son hospitalisation.

La culture s’installait et se faisait progressivement acceptée comme supplément indispensable aux soins du corps et destinée tant aux patients qu’aux personnels soignants.

Les personnels en effet se voyaient eux aussi impliqués dans le Projet Culturel au moyen d’évènements tel que le Concours des Artistes Hospitaliers organisé chaque année pour eux, dans lequel ils pouvaient exercer leur hobby artistique (et ils sont nombreux à pratiquer une activité de ce type) ou bien extérioriser un besoin (souffrance vue, vécue...).

L’hôpital est un lieu de douleur mais aussi de couleurs, pour tous.