Questions-réponses

Publié le 03/09/2021 à 12h17

Le kératocône est-il héréditaire ?

Le caractère héréditaire est discuté compte tenu de la plus grande fréquence du kératocône dans les familles de patients atteints. Il n’a cependant pas été retrouvé de gène spécifique, tout au plus une « susceptibilité familiale ». D’après les informations actuellement disponibles, il y a moins d’1 chance sur 10 qu’un apparenté de 1er degré d’un patient atteint de kératocône, soit lui-même atteint d’un kératocône avéré.
La majorité des patients atteints de kératocône n’ont pas d’autres membres de leur famille atteints de la maladie.

Existe-t-il un dépistage génétique du kératocône ?

Non, pour les mêmes raisons que précédemment.
Le risque plus important de développer un kératocône chez les apparentés de 1er degré d’un patient atteint de kératocône a été estimé récemment à 9,05% d’avoir un kératocône avéré et à 15,4% d’avoir un kératocône infraclinique.
Pour un patient atteint de kératocône, il peut par contre ainsi être intéressant de sensibiliser sa famille proche à éviter les frottements oculaires pathologiques, voire à dépister cliniquement ceux avec une gêne visuelle.
Ceux avec un kératocône infraclinique, n’auront pas de répercussion visuelle, mais ne seront par contre pas éligible, le cas échéant, à une chirurgie réfractive.

Le dépistage clinique du kératocône nécessite-t-il toujours de passer par un centre expert ?

Tout ophtalmologiste peut être à même de dépister un kératocône avéré, à plus forte raison si le kératocône est avancé. Ce dépistage repose souvent au début sur une acuité visuelle qui a du mal à monter à 10/10ème, ou devant un astigmatisme rapidement évolutif, ou encore devant des chiffres de cambrure cornéenne (mesurés par des appareils de routine en pratique ophtalmologique) élevés.
Les topographes cornéens permettront de dépister des formes frustes, infracliniques, qui ne nécessitent pas de prise en charge particulière, mais contre-indiquent une chirurgie réfractive.

Le kératocône est-il contagieux ?

Non

Le kératocône touche-t-il les deux yeux ?

Le plus souvent, mais avec parfois une très grande asymétrie (possible forme sévère sur un œil et infraclinique sur l’autre). Les formes exclusivement unilatérales sont discutées, surtout avec la précision des appareils pour dépister de très discrètes anomalies, mais semblent exister, rares.

Le soleil est-il dangereux pour le kératocône ?

Non, même si certains facteurs extérieurs ont pu être avancés (dont le soleil, le vent, les irritants oculaires). L’intérêt d’une protection contre une exposition répétée aux UV est probablement davantage pour la rétine que pour la cornée.

Le travail sur écran est-il un facteur de risque pour le kératocône ?

Non, pas directement. Le travail sur écran prolongé pourrait par contre aggraver le kératocône par le biais des frottements oculaires secondaires à une fatigue visuelle, et à la sécheresse induite par une moindre fréquence et qualité des clignements devant un écran. Des pauses, ainsi que des clignements volontaires forcés de temps en temps pourraient être bénéfiques pour améliorer le confort oculaire.

Le tabac est-il un facteur aggravant ?

Non, pas directement. Possiblement par contre par le biais d’une sécheresse oculaire induite (au même titre que le vent, une ventilation dirigée vers le visage, un masque d’apnée du sommeil mal ajusté avec des fuites vers les yeux…) qui pourrait aggraver des frottements oculaires.

Faut-il éviter certains sports ?

Il n’y a pas de contre-indication. Une mauvaise vision peut par contre altérer la vision binoculaire et la perception des distances et diminuer les performances dans certains sports, de balle notamment. Le port de lentilles de contact rigides peut rendre difficile la pratique de certains sports avec notamment un risque de faire « sauter une lentille » et de la perdre. Les lentilles de contact sont également contre-indiquées pour la pratique des sports nautiques avec un risque d’infection notamment.

La cornée peut-elle se rompre ?

Des ruptures cornéennes ont été décrites, dans un contexte souvent de déficit mental et de frottements oculaires compulsifs non contrôlables, voire de traumatismes oculaires auto-infligés. Elles restent exceptionnelles.
Un hydrops cornéen ou kératocône aigu est par contre plus fréquent, bien que très rare. Il s’agit d’une rupture des couches profondes de la cornée dans un contexte de frottements oculaires importants. L’irruption d’humeur aqueuse à l’intérieur de la cornée provoque un œdème brutal blanc. Sa traduction clinique est la plupart du temps spectaculaire. L’œil est rouge, douloureux, photophobe.

Peut-on devenir aveugle à cause d’un kératocône ?

Même les formes sévères peuvent bénéficier de traitements sûrs et efficaces (lentilles de contact, greffe de cornée). Un suivi au long cours est par contre nécessaire avec une prise en charge adaptée à chaque situation.

La greffe de cornée est-elle dangereuse ?

La morbidité concerne les risques de cataracte, glaucome, infections, et de rejet. Cette dernière est avantageusement contrebalancée par le service rendu par une greffe pratiquée dans les « règles de l’art ». La surveillance fait partie intégrante du traitement et du pronostic de la greffe.

Peut-on utiliser une cornée synthétique en cas de greffe ?

Non. Les greffes de cornée à visée optique, pour améliorer la vision, nécessitent un greffon cornéen prélevé sur un donneur décédé. Les greffons cornéens prélevés passent une « batterie de tests » avant d’être greffé pour minimiser les risques au maximum. Dans ce contexte également, les donneurs sont sélectionnés selon des critères clairement établis.
Il existe de nombreux projets de recherche sur les cornées synthétiques, mais sans application clinique proche, dans cette indication.

Puis-je donner une cornée à un membre de ma famille ?

Non. Le don de cornée de son vivant n’est pas possible.
Il n’existe pas de test de compatibilité pour la greffe de cornée qui est une greffe de tissu, contrairement à des greffes d’organes.

Les lentilles de contact sont-elles dangereuses pour le kératocône ?

La lentille de contact est, pendant une grande période, l’alliée de choix du patient atteint de kératocône. Il faut éviter un appui ou un frottement important de la lentille au sommet du cône qui pourraient induire des érosions. Le risque est l’apparition d’un nodule ou d’opacités centrales qui interdisent la pose des anneaux intra-cornéens et nécessitent le recours à la greffe. Une adaptation par un contactologue expérimenté et un suivi régulier, limitent la survenue de complications.

Les lentilles de contact peuvent-elles arrêter la progression du kératocône ?

Non. Les lentilles de contact sont faites pour améliorer la vue, pas pour stabiliser le kératocône. Si les lentilles ont pu être prescrites dans un rôle de contention par appui cornéen, ce type d’adaptation est aujourd’hui abandonné car à risque d’entraîner des opacités du sommet du cône.

Peut-on ralentir l’évolution d’un kératocône ?

Le meilleur conseil préventif est d’informer, éduquer et de tendre vers l’arrêt des frottements oculaires. L’arrêt complet peut être difficile à obtenir chez certains patients. En cas de progression du kératocône confirmée sur des mesures successives, un cross-linking sera indiqué. Il peut être bénéfique par l’augmentation de la résistance cornéenne induite et par la désensibilisation cornéenne transitoire qui peut aider à arrêter les frottements oculaires.

Le cross-linking est-il systématique dans tout kératocône ?

Non. En l’absence de progression du kératocône, le cross-linking ne sera pas nécessaire. Il est classique d’informer, d’éduquer et d’essayer de contrôler les facteurs de risque de progression du kératocône lors des premières visites. Le cross-linking intervient en cas d’aggravation du kératocône.

Les lentilles de contact sont-elles prises en charge ?

Pour information, le kératocône fait partie des rares cas de prise en charge partielle du coût des lentilles par la sécurité sociale (conformément au TIPS). Celle-ci est de 39,48 euros par œil et par an. Les conditions de remboursement des lentilles par les caisses complémentaires dépendent du contrat que vous avez choisi.