Raymonde Fournet (1932-2020), première directrice des Soins infirmiers au CHU de Toulouse

Publié le 29/02/2024 à 17h09 (mis à jour le 04/03/2024 à 15h03)

En octobre 2020, le CHU de Toulouse a perdu une grande dame, Raymonde Fournet, première Infirmière Générale aux hôpitaux de Toulouse, décédée à l’âge de 88 ans.

En 1951, Raymonde Fournet entrait à l’école de la Croix Rouge pour embrasser la carrière d’infirmière sans se douter de l’ampleur qu’allait prendre celle-ci et de l’influence de ses travaux pour celles et ceux qui allaient lui succéder.

En 1953 elle obtient son diplôme d’Etat et l’année suivante elle est affectée aux salles communes des professeurs Darnaud et Denard à Purpan.

En 1961, Raymonde Fournet fait partie de la première promotion toulousaine de l’Ecole des Cadres infirmiers « qui, avec l’école en soins infirmiers, initie, oriente et développe dès lors bien des savoirs nouveaux, utiles à l’action et nourris des échanges entre théorie et pratique ». Un an plus tard elle devient surveillante en néphrologie et assiste au premier rein artificiel avec le Pr. Paul Mériel.


La première salle de dialyse rénale fut installée au 2ème étage de médecine Nord (Pr. Mériel). Par la suite, la pavillon Rayer fut bâti et devint le service du rein artificiel avec l’équipe du Pr. Suc. Sur la photo (1962), de g. à d. au 1er rang : Pr. J.M. Suc, Melle Heulin, P. Mangel, S. Rapside, R. Fournet, Pr. Mériel, G. Maury, J. Gaubert, S. Boissezon. Au second Rang : Dr. Ch. Virenque, G. Richatd, S. Edolfi, le Dr. J. Conté, le Dr. J. Ton That, P. Petit, le Dr. M. Salvador.

En 1967, Raymonde Fournet est surveillante-chef à l’Hôtel-Dieu. Elle fait appliquer de nouvelles méthodes de travail, avec l’appui des professeurs Bolinnelli, Rieunau et Arlet.

En 1974, elle revient de Lyon à Toulouse avec son D.U. de l’E.I.E.I.S. – l’Ecole internationale d’enseignement infirmier supérieur – dont elle est la seule titulaire toulousaine. L’année suivante elle inaugure en compagnie de Simone Veil, Ministre de la Santé, et de Pierre Baudis Maire de Toulouse, l’hôpital de Rangueil.


Bloc ORL, bâtiment h1. Coll. privée

En 1976, elle est nommée au poste d’Infirmière Générale des Hôpitaux de Toulouse : première nomination de ce type en France. Avec son équipe, elle va concrétiser le premier « service Infirmier » : le CHU de Toulouse, avec celui de Nice, est pionnier pour sa mise en place.

En 1985 elle est décorée dans l’ordre National du Mérite par le Ministre de la Santé.

Elle plaide pour l’instauration d’une organisation des soins rationnelle : elle est à l’origine du Dossier de Soins Infirmiers autour duquel elle a mobilisé ses équipes, un recueil des données concernant la personne soignée : le premier outil de travail du genre qui définit la politique et les grands axes de développement du Service de Soins, pour une meilleure utilisation des moyens humains et matériels, de la promotion des études et des recherches en soins.

Elle prend sa retraite le 30 juin 1995 après 40 ans de services « Si travailler c’est vivre, alors j’ai pleinement vécu à l’hôpital (…) Passons le témoin à ceux qui suivent » avait-elle déclaré au moment de son départ.

Raymonde Fournet s’est imposée comme une personnalité incontournable du CHU de Toulouse, œuvrant pour la reconnaissance du service infirmier, les changements dans les principes d’organisation et la modernisation des pratiques, la valorisation des compétences. Elle a révolutionné – pas à pas – la culture professionnelle des soignants afin « de leur offrir un avenir professionnel meilleur » et en tout cas une identité professionnelle assurée, alors que le métier, selon ses termes « est entré dans la modernité à bas bruit ».

« Raymonde Fournet a consacré tout son temps et son énergie au service de nos hôpitaux avec une volonté, une efficacité et un altruisme incomparables. Elle a probablement beaucoup donné de sa vie personnelle pour assumer des responsabilités professionnelles qu’elle a toujours fait passer en priorité »
Jean-Jacques Romatet, Directeur général du CHU de Toulouse.

En 2009, elle co-écrit avec le Pr. Jacques Frexinos Quatre siècles de soins infirmiers dans les hôpitaux de Toulouse, 1689-2009 aux éditions des Hôpitaux de Toulouse, ouvrage couplé avec une exposition muséographique institutionnelle réalisée pour l’occasion.

Raymonde Fournet repose au cimetière de Montaudran. Depuis mai 2022, une place porte son nom dans le quartier Saint-Cyprien à Toulouse, à côté du Port Viguerie, entre l’Hôtel-Dieu Saint-Jacques et l’Hôpital Saint-Joseph de La Grave, deux lieux de mémoire de l’hôpital public toulousain.

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