Le bâti de l’Hôtel-Dieu Saint-Jacques et de La Grave : les décisions initiales (1931-1944)

Publié le 07/04/2022 à 15h02 (mis à jour le 13/04/2022 à 14h08)

Suite à une proposition de la Commission Supérieure des Monuments Naturels et des Sites informée par l’Association des Toulousains de Toulouse, le directeur général des Beaux-Arts fait savoir, le 7 décembre 1931, au président de la Commission Administrative des Hospices de Toulouse, qu’une instance de classement comme site de l’Hôtel-Dieu Saint-Jacques et de l’Hospice de La Grave est ouverte. De fait, il stipule qu’aucune modification des lieux ne devra être entreprise dans un délai de 6 mois !

Le 23 février 1932, la Commission administrative des Hospices s’est prononcée contre ce classement car elle voulait engager rapidement des travaux de réparation qu’elle estimait urgents comme de refaire les chéneaux de la base du Dôme de La Grave et la révision des murs de fondation de l’Hôtel-Dieu plongeant dans la Garonne.

De manière générale, elle craignait qu’un classement n’entrave l’évolution des services hospitaliers de l’Hôtel-Dieu et La Grave au moment même où les soins quitteraient le centre ville vers le nouvel hôpital suburbain de Purpan en construction.
Ce classement allait à l’encontre de l’intérêt des Hôpitaux.

Malgré ces réticences, les édifices de l’Hôtel-Dieu Saint-Jacques et de l’Hospice de La Grave ont tout de même été classés parmi les “ Monuments Naturels et les Sites de caractère artistique, historique, scientifique, légendaire et pittoresque ” par décret le 27 mai 1932 :

“ L’Hôtel-Dieu Saint-Jacques et l’Hospice de La Grave à Toulouse faisant partie de la perspective des rives de la Garonne, sont classés parmi les Monuments Naturels et les Sites de caractère artistique, historique, scientifique légendaire et pittoresque ; […] Le Ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts est chargé de l’exécution du présent décret ”.

Sont alors classées les façades de l’Hôtel-Dieu donnant sur la Garonne le 21 avril 1932 et l’Hospice de La Grave le 27 mai 1932.

A partir de cette date, “ les immeubles de l’Hôtel-Dieu Saint-Jacques et de l’Hospice de La Grave ne pourront être modifiés, réparés, déplacés ou détruits, même en partie sans le consentement du Ministre des Beaux-Arts […] le classement dont il s’agit est destiné à protéger une perspective et ne met nullement obstacle aux nécessités du service charitable” [1].

L’administration des Hospices peut alors apporter des modifications à l’intérieur des bâtiments suivant les nécessités de l’évolution des services [2].

Les contentieux n’ont pas manqué entre l’Administration des Hospices de Toulouse et l’Inspection Régionale des Sites comme en 1943 lorsque cette dernière demanda la démolition d’un local jugé inesthétique dans le jardin de l’Hôtel-Dieu près du Cours Dillon. L’Hôpital se défend en faisant observer que son édification est antérieure à l’Inscription de la Place Laganne sur l’Inventaire des Sites.

D’autres classements vont se succéder jusqu’en 1944 :

Le 22 octobre 1942, un Arrêté Ministériel inscrit sur l’Inventaire des Sites les façades sud de l’Hôtel-Dieu vers le Pont Neuf et toutes les façades intérieures des corps de bâtiments avec les plantations et le porche d’entrée.
Le lendemain, ce sont les façades et les toitures de l’Hôtel-Dieu donnant sur le fleuve qui sont classées.

Le 5 avril 1943, un Arrêté Ministériel inscrit sur l’Inventaire des Sites les rives de la Garonne sur toute la traversée de Toulouse : sols, façades, toitures et toutes les construction visibles du fleuve sur les deux rives.

Le 23 mai 1943, un Arrêté Ministériel transforme ces Inscriptions en classement.

Ce nouveau statut va obliger les Hospices Civils à décider et effectuer les travaux en collaboration avec l’Etat, comme ce fut le cas pour le ravalement des façades de l’Hôtel-Dieu en bordure de la Garonne et du Pont Neuf le 16 février 1944 [3] ; la réfection de la toiture de l’Hôtel-Dieu en 1980 et le percement de la façade de l’Hospice de La Grave donnant sur la Garonne en 1982.

[1Extrait du registre des Délibérations de la Commission Administrative des Hospices du 28 juin 1932

[2Notamment le cloisonnement des vastes salles communes de l’Hôtel-Dieu pour les besoins des services administratifs ou encore la disparition des salles communes de La Grave dans le cadre du projet d’humanisation des Hospices

[3la même année, le 26 avril, sont classées trois plaques commémoratives du XVIIIème siècle à La Grave : la dalle funéraire de Jean Breil, la plaque d’Henri de Nesmond et celle commémorant l’inondation de 1770