Rôles des professionnels de santé dans la prise en charge de l’ostéoporose

Publié le 23/11/2022 à 15h42 (mis à jour le 13/12/2022 à 12h33)

Le Réseau Ostéoporose Occitanie Occidentale (R3O) permet de mobiliser plusieurs professionnels de santé jouant chacun un rôle particulier dans la prise en charge des patients atteints d’ostéoporose.

L’infirmière

Elle intervient auprès des patients lors du dépistage de l’ostéoporose où elle sera attentive aux facteurs suivants :

  • Perte de taille
  • Rachialgies après 60 ans
  • Fractures après chute de sa hauteur synonymes de fragilité osseuse
  • Facteurs de risque d’ostéoporose (faible poids, antécédents familiaux, maladies ou traitements vecteurs d’ostéoporose)
  • Malades chuteurs

Elle renseigne également les patients atteints d’ostéoporose en leur fournissant des explications sur :

  • La maladie (étiologies et conséquences)
  • Les traitements :
    • Précautions d’administration
    • Observance
    • Efficacité
    • Effets secondaires
  • Les traitements non médicamenteux :
    • Activité physique
    • Apports calciques
    • Prévention des chutes.

La sage-femme

Elle réalise le dépistage de l’ostéoporose après la ménopause en prescrivant une ostéodensitométrie selon les critères de remboursement (antécédents de fracture a-traumatiques, antécédents familiaux, BMI < 19, corticothérapie, anti-aromatases) et si maladies associées à l’ostéoporose (BPCO, MICI, rhumatismes inflammatoires, maladies cardio-vasculaires, diabète II, AVC et dépressions).

Elle évalue également les conséquences des traitements progestatifs au long cours avant la ménopause ou des longues périodes d’aménorrhée par hypo-œstrogénie.

La diététicienne

Elle réalise les actions suivantes :

  • Calcul de l’IMC
  • Bilan des apports calciques
  • Bilan des apports protidiques (sarcopénie vectrice de chute chez le sujet âgé)
  • Bilan nutritionnel global et dépistage syndromes de malabsorption
  • Correction des apports protidiques
  • Optimisation des apports calciques alimentaires (800 à 1200 mg/jour)

Le kinésithérapeute

Il intervient dans les domaines suivants :

  • Dépistage de l’ostéoporose (adresser les malades ainsi dépistés au médecin traitant) :
    • Malades fracturés hors accident de la voie publiques, non traités pour l’ostéoporose, adressés pour rééducation post fracture.
    • Perte de taille > 4 cm
    • Rachialgies après 60 ans
  • Dépistage du risque de chute :
    • Evaluation de l’équilibre : appui monopodal, résistance à la poussée
    • Test « Time up and go »
    • Fréquence des chutes dans les 3 mois précédents.
  • Réhabilitation du rachis fracturé :
    • Reprise de la confiance
    • Re-musculation progressive
    • Ceintures, corsets ?
    • Apprendre les mouvements et postures à éviter pour éviter une nouvelle fracture vertébrale
  • Reprise de la marche après fracture de l’extrémité supérieure du fémur
  • Prévention des chutes et maintien d’une activité physique adaptée
  • Conseils d’une activité sportive adaptée à la fragilité osseuse

L’ergothérapeute

Dans un contexte où 30 à 40 % des chutes entrainant des fractures surviennent à domicile, l’ergothérapeute intervient auprès du patient dans l’adaptation de son environnement face à la fragilité osseuse et au risque de chute : baignoire salle de bain, tapis, chaussage, éclairage des pièces, animaux de compagnie ...

Le chirurgien-dentiste

Il doit connaitre les recommandations françaises publiées en 2012 et les recommandations locales (Occitanie - CHU Toulouse) rédigées en 2021 [PDF - 517.5 ko] par un collectif libéral et universitaire de rhumatologues, chirurgiens-dentistes et stomatologues.

En résumé :

  • Le risque d’ostéonécrose (ON) de la mâchoire est de 1/10 000 avec les traitements anti-résorptifs de l’ostéoporose, versus 2 à 3 % avec les mêmes traitements aux doses administrées pour les métastases osseuses.
  • Il est favorisé par une mauvaise hygiène buccale et par certains traitements associés (cortisone, chimio, ...).
  • Il est favorisé par la durée du traitement pour les bisphosphonates
  • Pour les bisphosphonates, la voie IV n’est pas plus à risque que la voie orale
  • Les extractions dentaires et l’implantologie ne sont pas contre indiquées
  • Chez un malade au suivi bucco-dentaire régulier, qui n’a pas de gingivorragie ou de sensation d’instabilité dentaire, la consultation auprès du dentiste avant traitement anti -résorptif n’est pas utile.
  • En cas d’ostéoporose densitométrique, il n’y a pas d’urgence et les extractions dentaires, par prudence, peuvent être réalisées avant le début du traitement anti-ostéoporotique.
  • En cas d’ostéoporose fracturaire, la priorité est au traitement de l’ostéoporose : en cas de soins dentaires urgents eux aussi et conséquents, on peut prescrire :
    • Soit du téraparatide s’ils existe au moins deux fractures vertébrales
    • Soit du risédronate si ce n’est pas le cas.
      Une fois les soins dentaires terminés, le rhumatologue choisira le traitement le plus adéquat.

Le pharmacien

Dans la prise en charge des patients atteints d’ostéoporose, le pharmacien intervient dans les domaines suivants :

  • Vérification des contre-indications aux traitements de l’ostéoporose (insuffisance rénale, hypocalcémie et allergies)
  • Éviter les associations fréquentes de diverses formes de vitamine D : ampoules mensuelles ou bimensuelles + vitamine D associée aux comprimés de calcium
  • Respect des précautions d’administration (bisphosphonates per os)
  • Respect de l’observance
  • Vérification des associations médicamenteuses et des risques d’interactions
  • Lutte contre l’oubli des prochaines injections (Prolia) ou perfusion (Zolédronate)
  • Avertissement sur le risque de syndrome pseudo-grippal du Zolédronate avec délivrance de paracétamol

Le médecin traitant

Enfin, le rôle du médecin généraliste est également essentiel dans la prise en charge des patients atteints d’ostéoporose :

En vue du dépistage de l’ostéoporose (aidé par l’infirmière, le kinésithérapeute, la sage-femme), il doit :

  • Veiller à ce que le diagnostic des fractures ostéoporotiques soit fait,
  • Inciter les malades à être traités.
  • Prescrire, si besoin, l’ostéodensitométrie.

Avant de traiter un patient, il doit prescrire le bilan biologique adéquat.

Lors du choix du traitement (aidé au besoin par le rhumatologue), il doit persuader son malade que ce traitement doit être correctement pris, veiller aux précautions d’administration, à l’observance et en assurer le suivi.