La vision du pauvre au Moyen-Age et sous l’Ancien Régime

Publié le 13/09/2004 à 11h08 (mis à jour le 13/10/2021 à 12h56)


Saint-Martin partageant son manteau - BNF Grandes Heures d’Anne de Bretagne - fol.387 ; miniature de Jean Bourdichon (XVIème siècle)
Les pauvres n’ont jamais eu leurs historiens ; les seules sources qui les mentionnent sont, entre autres, celles des Hôpitaux.
Le Moyen-Age exaltait les pauvres car ils étaient « à l’image du Christ souffrant ». Le pauvre était l’intercesseur privilégié avec le divin : « heureux vous les pauvres, le royaume de Dieu est à vous ». L’aide aux nécessiteux était très répandue, par l’intermédiaire des fondations, d’églises ou privées, nombreuses et éparses. Donner des soins aux pauvres, c’était en donner au Christ.
Jusqu’à la fin du XVème siècle, les autorités royale et municipales n’interviennent pas.

L’Ancien Régime voit naître une évolution dans la vision du pauvre : il devient socialement dangereux et représente « la déchéance de l’être humain »  [1].
Tous ces éléments entraînent une nouvelle attitude vis-à-vis de l’indigent : le travail devient un moyen de rédemption et l’oisiveté est qualifiée de mère de tous les vices.  [2].
Le pauvre est accusé - entre autres - de « colporter les pestes » [3] car il bouge, et la mobilité géographique facilite la contagion. De par leur « genre de vie », les pauvres sont suspectés de venir de lieux contaminés. Lorsqu’une peste apparaît, on prend immédiatement des mesures contre eux.
Le pauvre est aussi « voleur de récoltes, d’enfants ... ». Enfin, dans une révolte ou une émeute, il n’a rien à perdre. Sans biens, il est aussi celui qui n’a pas de maître.
On s’est de tout temps « occupé » des pauvres, par charité ou par souci d’ordre public...

[1Les XVIIème et XVIIIème siècles voient une augmentation de la misère associée à une plus grande importance donnée au travail

[2Dès le XVIème siècle, on assiste à un éloignement de la représentation du pauvre comme « image du Christ », il y a alors une hostilité de la part des sociétés urbaines envers les nécessiteux

[3Au pluriel, terme générique à l’époque pour qualifier toutes les maladies contagieuses