La Duchesse d’Angoulême en visite à Toulouse

Publié le 27/10/2020 à 09h36 (mis à jour le 21/07/2021 à 16h52)


La Duchesse d’Angoulême en visite aux hôpitaux - huile sur toile - Joseph Roques
La présence dans la salle des Pèlerins de l’Hôtel-Dieu de cet imposant tableau au cadre fleurdelisé ne manque pas d’attirer l’attention.

Plus grand que les autres tableaux, il interpelle tant par la qualité de son travail et des détails présents que par son sujet : quel rapport entre la Duchesse d’Angoulême et les Hôpitaux de Toulouse ?

Joseph Roques a voulu ici rendre hommage à la visite officielle à Toulouse et dans ses Hôpitaux de la Duchesse d’Angoulême dans les premiers jours de septembre 1815

Marie-Thérèse Charlotte de Bourbon et la tourmente révolutionnaire

La Duchesse d’Angoulême, née Marie-Thérèse Charlotte de Bourbon est la fille aînée de Louis XVI et de Marie Antoinette. Elle est née à Versailles en 1778. Elle est le témoin des manifestations révolutionnaires et incarcérée. Après trois ans d’emprisonnement, en 1795, elle est libérée pour être échangée avec des révolutionnaires détenus par les Autrichiens. Les circonstances lui permettent ensuite de retrouver son oncle Louis XVIII. Elle devint duchesse d’Angoulême par son mariage en 1799 en Autriche avec le duc d’Angoulême qui est son cousin germain, Louis-Antoine, fils du comte d’Artois, frère de Louis XVI et futur Charles X.

La 1ère restauration (1814 – 1815) et un contexte politique local favorable

Lorsque Louis XVIII voit que la situation de Napoléon devient critique, il veut que les différents membres de sa famille s’impliquent dans les événements susceptibles de faciliter le retour de la royauté. Ainsi le duc d’Angoulême se joint aux troupes de Wellington. Le 27 avril 1814, il est acclamé à Toulouse. la Restauration y est accomplie depuis quelques jours et la popularité dont jouissent le duc et la duchesse d’Angoulême dans le sud-ouest tient entre autre à l’importance de la population restée royaliste. Leur visite est prévue pour le 2 septembre 1815.

Ouvriers et artisans vont travailler jour et nuit pour apporter à la ville toutes les décorations et aménagements nécessaires : tentures avec guirlandes de verdure et de fleurs ; places couvertes de toiles protégeant du soleil, sol sablé pour rendre les pavés moins inconfortables etc… La duchesse arrive à la date prévue et effectue un parcourt dans les rues toulousaines. Les hôpitaux font partie de son programme de visite.

La visite de la ville et des hôpitaux

Le lundi 4 septembre la duchesse se rend à l’Hôtel-Dieu Saint-Jacques. L’établissement de soins possède alors une capacité de 287 lits répartis en plusieurs salles que parcourt la duchesse. On lui parle des affections qui y sont traitées. Elle porte un intérêt tout particulier à la salle des enfants trouvés. Elle exprime sa satisfaction devant l’ordre et la propreté qui règnent dans l’établissement.
On se rend ensuite à La Grave. C’est alors un établissement d’hébergement et de travail, un hospice civil d’une capacité de 880 lits. La duchesse visite les principaux quartiers et exprime sa satisfaction aux administrateurs et à la mère Supérieure des Sœurs.

Le portrait de Joseph Roques et d’autres œuvres du maître


Sépulture Filles de la Charité - Terre Cabade
Les Hôpitaux décident, pour exprimer leur reconnaissance envers la duchesse, de faire réaliser, par un des plus habiles artistes de la ville, Joseph Roques (1754-1847), son portrait qui puisse être placé parmi ceux de tous les bienfaiteurs.
Roques a travaillé de mémoire, la duchesse n’ayant pas eu le temps de poser. Sur son œuvre, Joseph Roques rend aussi hommage au travail des Sœurs de la Charité. En arrière plan du tableau, on peut voir des « cornettes blanches », surnom que les Sœurs tiennent de la forme de leur coiffe, travaillant dans une salle commune d’hospitalisation de l’Hôtel-Dieu. Les Sœurs de la Charité sont également visibles avec le fondateur de leur ordre, Saint-Vincent de Paul, sur le vitrail de Louis-Victor Gesta dans la Chapelle de l’Hôtel-Dieu Saint-Jacques. Enfin, plusieurs monuments funéraires des Sœurs de la Charité sont visibles au Cimetière de Terre Cabade  [1]

Une donation anonyme ?

La présence du tableau de la duchesse parmi les portraits de bienfaiteurs implique-t-elle que celle-ci ait fait aussi un don aux hôpitaux ? Son importante fortune le lui permettait en effet. La moitié de ce revenu était consacré à un véritable ministère de la charité qu’elle gérait.
Toutefois, entre 1814 et 1830, aucune source ne mentionne un quelconque don de la duchesse d’Angoulême. Il pourrait s’agir alors d’une donation anonyme, celles-ci n’étant pas rares.
Cependant, les administrateurs hospitaliers considéraient la seule visite de la duchesse comme un bienfait.

  • La restauration de l’œuvre fut assurée par le CHU de Toulouse en 2005.
    Suivez-en les étapes !

PDF caractéristiques de l’œuvre avant restauration [1015.1 ko]
PDF le diagnostic : la toile [414.4 ko]
PDF le diagnostic : la couche picturale [704.6 ko]
PDF interventions de restaurations [851.9 ko]
PDF avant - après [1.1 Mo]

[1D’autres œuvres de Joseph Roques sont visibles à Toulouse, notamment « La Chapelle de l’Inquisition » et « la mission de 1815 » au Musée du Vieux Toulouse ainsi qu’à l’Eglise Notre-Dame de la Daurade dont les travées du chœur sont ornées de quatre toiles représentant des scènes de la vie de la Vierge :L’Assomption ; La Nativité ; La Visitation et La Présentation au Temple.